PFAS 13 : Filtration et levée des restrictions de consommation d’eau

La fin des problèmes ?

Par arrêté préfectoral, la filtration des PFAS dans l’eau jusqu’en-dessous du seuil réglementaire de 100 ng/L est en place dans les 11 communes du réseau de distribution autour de Saint-Louis depuis le 15 décembre 2025.

La levée des restrictions de consommation d’eau a été annoncée en grande pompe et autosatisfaction par les autorités et SLA. Sans plus attendre, Puisque les objectifs initiaux en matière de potabilité de l’eau ont été officiellement atteints, la Préfecture a, sans plus attendre, dissout le Comité de suivi PFAS à Saint-Louis, auquel l’ADRA a pu assister ces trois dernières réunions.

 Voir le reportage dans Rue89 Strasbourg en accès libre :
La préfecture lève les restrictions d’usage de l’eau potable à Saint-Louis
Rue89 Strasbourg, Charlotte Lonchampt, 19.12.25

Polluants éternels : les restrictions d’usage de l’eau potable levées dans l’ensemble des communes
L’Alsace, Sébastien Spitaleri, 15.12.25

 

Quid de la protection du citoyen ?

Pouvons-nous pour autant être satisfaits ?
La filtration est une première étape devenue obligatoire au plus tard le 12 janvier 2026 avec l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation fixant la limite de concentration de PFAS à 100 ng/L. Mais ce n’est de loin pas la dernière et surtout, elle n’est pas satisfaisante.
Tout n’est pas résolu et bien des travaux sont encore en attente. Dans un premier temps, ceux-ci concernent les investigations sur la plateforme autour des points de pollution, sur l’écoulement des PFAS vers les puits de captage et la publication du rapport d’étude. Puis le confinement, la dépollution, la sécurisation des ressources en eau future et la tarification.

Quatre secteurs polluées continuent de contaminer à des concentrations élevées l’eau souterraine qui converge vers les puits de captage qui alimentent le réseau d’eau potable.
Voir le schéma de la carte détaillée des sondages effectués dans les sols pollués de l’Euroairport.

En septembre 2024 nous faisions déjà des comparaisons instructives avec l’aéroport de Dusseldorf.

Des concentrations en PFAS stupéfiantes
Sur les illustrations suivantes on découvre une pointe de 2090 ng/L pour la somme des 20 PFAS mesurés en juillet 2025 sous la zone actuelle d’exercice des pompiers au droit du piézomètre PZO 0205 (eau brute de la nappe phréatique).

Résultat des analyses de l’eau souterraine, somme 20 PFAS
(Source : Comité de Suivi PFAS du 15.12.2025 EuroAirport)

Taux de PFAS élevé dans l’eau potable de Blotzheim
Toutes les mesures récentes avant filtration démontrent des concentrations élevées de PFAS dans l’eau souterraine. L’origine de la contamination est bien là et n’est pas endiguée.

Par exemple, l’eau souterraine captée à Saint-Louis Neuweg et distribuée à Blotzheim est fortement polluée. L’eau du robinet a encore atteint des sommets : 720 ng/L, soit 7,2 x la limite réglementaire. Problème, les PFAS s’accumulent dans notre organisme et ne sont que très lentement éliminés.

Les mesures du 26 novembre de l’eau à Hésingue affichaient 150 ng/L dans la ZI du Liesbach et de 340 ng/L le 25 novembre 2025 à Saint-Louis.

 

Mauvaise stratégie aux dépends des administrés de SLA ?

En clair, pour être en conformité, SLA filtre à grands frais et renforts de technique une pollution toujours active et fortement changeante, mais ne traite pas encore le problème à la « source ». L’ADRA attend avec impatience la publication du rapport complet sur les investigations en cours, afin de mieux comprendre l’évolution de la pollution et le choix des mesures adéquates de long terme.

« Malheureusement SLA a renoncé définitivement à défendre les intérêts de la population en s’engageant par convention écrite à ne pas porter plainte contre le pollueur. Quelques soient les promesses de certains et les montages financiers incertains, les surcoûts pour la fourniture d’eau potable dans le futur resteront pour l’essentiel à la charge du consommateur ou du contribuable. » L’Alsace, Sébastien Spitaleri, 19.12.25

Par ailleurs, nous restons dans le flou, car jamais nous n’avons obtenu d’engagement ferme des parties sur le confinement des PFAS dans l’eau souterraine et encore moins sur la dépollution de la plateforme aéroportuaire.

 

Autre source de préoccupation, l’impact sanitaire des PFAS

N’oublions pas que la contamination de la population a aussi un aspect sanitaire. Au même titre que les autres pollutions par le bruit et les émissions atmosphériques (pollution de l’air), ….
Dans l’attente de la réponse de l’ARS à notre Lettre ouverte du 8 décembre, voici une étude très médiatisée.

L’eau potable contaminée par les PFAS nuit à la santé des nourrissons

Une étude très pertinente parue dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine (PNAS, Baluja et al, 16 octobre 2025) porte sur les naissances entre 2010 et 2019 dans le New Hampshire, USA. Les nourrissons des mères ayant bu l’eau des puits situés en aval de sites contaminés par les PFAS sont comparés à ceux dont les mères ont consommé l’eau en amont. On a relevé un impact significatif de la qualité de l’eau sur la santé des nourrissons :
• taux de mortalité infantile plus élevé durant la première année,
• nombre accru de naissances prématurées avant 28 semaines,
• nombre plus important de naissances d’enfants de faible poids de naissance (moins de 2,5 kg


Schéma de la contamination de l’eau en aval d’un aéroport (Source PNAS, Melina Lew)

En France, selon les statistiques extraites des Registre des cancers de l’Institut National du Cancer, INCA, allant de 1988 à 2021 et portant sur 17 départements dont le 68, l’incidence des cancers toutes causes confondues était globalement en hausse (incidence sur 100 000). Le Haut-Rhin se retrouve dans la moyenne des départements les plus impactés et, comparé à l’incidence mondiale, les cancers sont en moyenne 2,1 fois plus fréquents chez nous.

En classant les cancers selon leur fréquence, on obtient sur la dernière période de 2017 à 2021 les chiffres suivants ; 192 ont déclaré un cancer de la prostate, 168 du sein, 92+44 (hommes + femmes) du poumon, 74+56 du colon-rectum, 53+40 un Lymphome non hodgkinien, 31+6 de la vessie, 31+15 du rein, 25+8 du foie, …. sur 100 000 personnes.

Sources Institut national du cancer, INCA :
Epidémiologie et données en cancérologie
Les registres des cancers

« Pourquoi l’ARS se refuse-t-elle à entreprendre des recherches sur la situation sanitaire de la population de notre territoire ? Les missions de l’ARS sont bien la veille et la sécurité sanitaires, ainsi que l’observation de la santé à travers des actions de prévention et de promotion. »

Dans les médias :

L’ADRA exige un suivi médical de la population
L’Alsace, Pierre Gusz 16.12.25

L’ADRA réagi à la levée des restrictions d’eau à Saint-Louis
sur BFMTV Alsace, le 16.12.2025

BFMTV Alsace, copie d’écran, 16.12.2025

Cancer Colère Alsace
La pollution chimique de notre environnement est généralisée. Ce n’est pas une raison pour être fataliste et abandonner, car notre colère est légitime. Ainsi nous sommes solidaires avec les femmes qui ont créé Cancer Colère Alsace pour dénoncer le manque de soutien et de réaction appropriée des autorités. Rue89 Strasbourg, Margaux Delanys, 13.12.25

Ecouter Fleur Breteau, co-fondatrice de Cancer colère sur France Inter : « Depuis les années 1990, les cancers ont doublé en France et les politiques ne font rien ».