Appel à l’ARS
Durant le mois d’octobre la couleur rose s’affiche un peu partout par solidarité avec nos mères, sœurs et filles, victimes d’un cancer du sein …
Néanmoins, depuis plus de 50 ans on observe une augmentation des cancers du sein, qui ont pour une proportion importante des origines environnementales, notamment les produits chimiques dans l’eau, l’air et les aliments (Institut Français de l’éducation, 2015).
Or, une étude strasbourgeoise vient d’établir un lien entre cancer du sein et expositions aux métaux, aux Pfas et aux pesticides. En outre les PFAS augmentent avec niveau élevé de certitude le risque de développement des cancers des reins et des testicules, ainsi que d’autres pathologies.
Les habitants de Saint-Louis et environs sont exposés à une forte concentration de PFAS dans l’eau portable depuis des décennies. Par conséquent, ils sont possiblement contaminés à des taux élevés, comme l’a révélé le dosage des PFAS dans le sang de dix volontaires. Alors que les causes environnementales du cancer sont connues et leur impact sur la santé étayé par de nombreuses études (voir les articles suivants).
Malheureusement, l’inaction voire le déni sont présents partout à tous les niveaux et nous en sommes toutes et tous victimes.
La segmentation ou compartimentation des études réalisées favorisent l’illusion que tout va bien. Pourtant les conclusions vont toutes dans le même sens.
À quand la prise en compte des nombreuses études qui décrivent avec précision l’impact des facteurs environnementaux en particulier les pollutions sur les cancers.
A quoi servent les campagnes de sensibilisation de diagnostic précoce ou autre prévention du cancer, si les causes réelles ne sont pas prises en compte ? Les patients sont les premières victimes de ce manquement, mais aussi les familles, les aidants, le monde médical, la société….
Nous rappelons, qu’en plus des PFAS, la population des 3 Frontières est exposée à plusieurs sources de pollution autour de l’aéroport, toutes ayant des impacts avérés sur la santé : pollution sonore (bruit), pollution de l’air (gaz, PUF).
Si rien n’est fait pour considérer l’origine des cancers, le nombre de malades sera toujours croissant.
Tout cela dans un territoire ou l’accès aux soins est rendu difficile par le manque de médecins, de spécialistes et de structures de soins de proximité. La fermeture, entre autres, du service oncologie de l’hôpital de Saint-Louis, Clinique des 3F, la saturation des hôpitaux de Mulhouse, Colmar et Strasbourg font que nous sommes dans un désert médical et nous ne pouvons être pris en charge dans des délais raisonnables (délais de 8 mois minimum pour un rdv chez un oncologue puis autant pour n’importe quels rendez-vous d’imagerie ou autre spécialiste).
En d’autres lieux, la société civile, les scientifiques et les distributeurs d’eau se mobilisent. Ainsi, après des milliers de dosage en Belgiques (près de 10000), 300 dosages seront pratiqués avec le soutien de la Métropole de Lyon et l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes.
Le rôle de l’Agence Régionale de Santé, ARS, est « d’assurer une veille sanitaire, de promouvoir la santé et d’apporter une réponse aux situations d’urgence ou de crise », et nous sommes face à une situation de crise.
L’ADRA renouvelle sa demande à l’ARS Grand Est pour que soit mis en place un suivi sanitaire de la population. Par exemple, en proposant une campagne de dosage, en publiant enfin le registre des cancers du Haut-Rhin (en l’absence de registre des décès) ou en lançant une étude épidémiologique. Ce qui correspond ni plus ni moins au périmètre de compétences.
Si rien n’est fait pour considérer l’origine des cancers, le nombre de malades sera toujours croissant. Les causes environnementales font partie de cette équation, il est urgent d’en tenir compte.
ADRA
L’octobre rose (Photo : AdobeStock 4538590)
Voici quelques articles, témoignages et vidéos pour appuyer nos propos.
« Les PFAS jouent clairement un rôle » : le cancer du sein est davantage lié à l’environnement qu’à la génétique
La professeure Carole Mathelin a dévoilé, le vendredi 10 octobre à Strasbourg, les résultats d’une étude réalisée sur près de 1000 patientes alsaciennes et mosellanes touchées par le cancer du sein. Elle met en évidence que l’environnement serait davantage la cause des cancers que les facteurs génétiques.
France 3 Grand Est, Angélique Etienne et Anne-Laure Marie, 11.10.2025
Une étude strasbourgeoise établit un lien entre cancer du sein et environnement
Pour la première fois en France, une étude menée auprès de 931 patientes opérées entre 2000 et 2024 à l’Icans établit un lien entre cancer du sein et expositions aux métaux, aux Pfas et aux pesticides. Les résultats ont été rendus publics ce vendredi par l’équipe de la Pre Carole Mathelin.
L’Alsace, Marie-Lise Perrin, 11.10.25
En France, le cancer du sein représente la première cause de mortalité par cancer chez la femme.
57 000 femmes sont concernées chaque année en France et près de 12 000 en décèdent. 75% des cas de cancers du sein n’ont pas de facteurs connus. De nombreuses études épidémiologiques incriminent des perturbateurs endocriniens retrouvés dans des pesticides voire des métaux, et présents dans notre quotidien au travers des denrées alimentaires, des produits d’hygiène, de l’eau de boisson, de l’air que nous respirons… Beaucoup d’arguments sont avancés en faveur d’un lien entre les pesticides, les métaux et un risque accru de cancer du sein.
CHRU Strasbourg
Cancer du sein : les tumeurs de 1 000 femmes passées au crible
Unistra.fr, Elsa Collobert, 1.10.25
Cancer : pourquoi la France fait partie des pays les plus touchés au monde
Une étude récente a placé la France en tête des pays ayant le plus grand nombre de cancers. Si ce chiffre doit être nuancé, la consommation d’alcool et de tabac, mais aussi les pollutions environnementales expliquent le poids de ce fardeau dans le pays.
LeMonde, Par Stéphane Foucart et Delphine Roucaute, 10.10.25
Commentaire de Céline Puff Ardichvili sur LinkedIn
« C’est compliqué et multifactoriel évidemment, mais aussi peut être contre intuitif. Et pourtant. Dans ce cas : quid des facteurs environnementaux ? Stephane Foucart et Delphine Roucaute dans Le Monde reviennent sur cette étude parue dans The Lancet et interrogent : quel poids ont « les expositions aux pollutions atmosphérique, additifs et résidus de pesticides dans la chaîne alimentaire, plastifiants (hashtag#phtalates, bisphénols), dioxines, polluants organiques persistants (PFAS, PCB, PBDE…) », etc ? Quand la hausse des cancers ne s’explique plus par l’amélioration des dépistages, le vieillissement de la population ou les modes de vie, il est utile de jeter un coup d’oeil de ce côté…. »
Laurence Huc : « On invisibilise le rôle de la pollution dans la santé humaine
Face aux pesticides, aux Pfas et à l’explosion des substances chimiques, la toxicologue Laurence Huc dénonce les stratégies d’invisibilisation et appelle à repenser nos modèles agricoles et industriels.
Interview exceptionnelle de Laurence Huc dans Le Soir. 11-12.10.2025
Commentaire de Docteur Coquelicot sur LinkedIn :
Laurence Huc est toxicologue, directrice de recherche à l’INRAE et spécialiste des pesticides et de leurs effets cancérigènes.
« Cancers plus précoces, maladies chroniques, déclin de la fertilité, foyers épidémiologiques de cancers liés à des expositions multiples : les preuves du lien entre pollution chimique et santé humaine s’accumulent depuis des décennies.
Pourtant, les industriels entretiennent le doute ; les agences et les politiques temporisent. La toxicologue française Laurence Huc alerte et appelle à une transformation profonde de nos modes de production et de consommation. »
Lien entre l’augmentation de l’incidence des cancers, des maladies chroniques, des problèmes de fertilité… et la présence de plus en plus répandue de produits chimiques dans notre environnement est-il avéré ?
L.H.: Il est surprenant qu’on pose encore la question en 2025, alors que ces liens ont été établis dès les années 1960 ! Depuis, les preuves se sont accumulées, mais elles ont souvent été invisibilisées par des stratégies des industriels visant à se¬ mer le doute et à occulter les causes en¬ vironementales liées à notre mode de vie. Dès lors que l’on observe des si¬gnaux épidémiologiques, c’est que le problème est massif.
Docteur Coquelicot, LinjedIn
« L’inaction politique est le plus puissant cancérigène »
Cette fois, ce ne sont pas des associations « sous l’emprise de l’émotion » ni des scientifiques « militants », ni des hôpitaux « qui voient des clusters partout « , qui le disent…
C’est le Lancet qui dit que la France est l’un des pays au monde les plus touchés par les cancers.
Quand le déni des causes environnementales des cancers empêche la mise en place de mesures de protection…
Aujourd’hui, et ce depuis plus d’un siècle, l’inaction politique est le plus puissant cancérigène.
Laurence Huc
Cancer : la France doit savoir pourquoi elle est surexposée
L’étude du « Lancet », qui a placé la France en tête des pays les plus touchés, doit servir de signal d’alarme. Qu’un pays développé ignore l’ensemble des causes d’une incidence singulière du cancer n’est pas acceptable.
La bonne nouvelle est que l’on meurt de moins en moins souvent du cancer en France. Avec 136,8 décès pour 100 000 en 2023 contre 184,7 en 1990, la tendance reflète les considérables progrès médicaux. Le pays est l’un des Etats européens où ce taux est le plus bas, ce qui signe l’efficacité de notre système de santé, d’autant plus que le nombre de cas a explosé. C’est la mauvaise nouvelle : la France se classe parmi les pays du monde enregistrant le plus grand nombre de cas de la maladie, une incidence elle-même en forte hausse.
Le Monde, Editorial, 11.10.25
Interview choc de Fleur Breteau :
« Depuis les années 1990, les cancers ont doublé en France et les politiques ne font rien »
« Cela fait 50 ans qu’on le sait, qu’il y a des études scientifiques qui montrent le lien entre la pollution chimique et le cancer qui détruit les corps humains. C’est un constat absolument terrible » explique Fleur Breteau (du collectif « Cancer colère »), qui pousse un cri d’alarme : « Les pouvoirs publics ne font rien, ils n’écoutent pas la science et ils obéissent aux demandes des industriels contre les intérêts de la santé publique ».
Fleur Breteau du collectif « Cancer colère » au micro de Mathieu Vidard
dans « La Terre au carré » (copie d’écran)
Ecouter deux extraits ici :
Youtube et Facebook
Vous gagnez à écouter jusqu’au bout Fleur Breteau du collectif « Cancer colère » au micro de l’émission de Mathieu Vidard dans « La Terre au carré », France Inter, 6 septembre 2025, 40’.
Notamment à partir de 20’50, l’archive INA de 1975 sur le scientifique Charles Brenton Huggins, prix Nobel, spécialiste du cancer.
Un déni mortifère
Le déni est présent partout à tous les niveaux et nous en sommes tous victimes.
La segmentation ou compartimentation des études réalisée favorisent l’illusion que tout va bien. Pourtant les conclusions vont toutes dans le même sens.
À quand la prise en compte des nombreuses études qui décrivent avec précision l’impact des facteurs environnementaux en particulier les pollutions sur les cancers.
A quoi servent les campagnes de sensibilisation de diagnostic précoce ou autre prévention du cancer, si les causes réelles ne sont pas prises en compte ?
Les patients sont les premières victimes de ce manquement, mais aussi les familles, les aidants, le monde médical, la société…. Bref nous sommes tous impactés.
Si rien n’est fait pour considérer l’origine des cancers, le nombre de malade sera toujours croissant.
Les causes environnementales font partie de cette équation, il est urgent d’en tenir compte.
Séverine Wollenschneider
Cancers du sein : « Plus de la moitié sont dus aux pollutions environnementales »
Les pollutions environnementales « jouent un rôle majeur dans l’apparition des cancers du sein », selon Fanny Thauvin, de l’association Jeune et Rose. Il y a une recrudescence des cas de cancer du sein chez les jeunes adultes, même si on manque de données. D’après une étude parue en 2023, https://bmjoncology.bmj.com/content/2/1/e000049
il y aurait eu une augmentation de ces cancers de 80 % chez les moins de 50 ans entre 1990 et 2019. En France, les moins de 50 ans représentent 20 % des cas de cancer, soit 12 000 cas chaque année.
Reporterre, Lorène Lavocat, 17 octobre 2024
Le fléau des PFAS dans le Grand Est (Meuse & Ardennes)
C’est le territoire le plus pollué par les PFAS (substances chimiques per- et polyfluoroalkylées) en France. L’eau potable de 13 villages des Ardennes et 4 de la Meuse est déclarée impropre à la consommation depuis le mois de juillet 2025 (environ 3000 habitants concernés). Quand cette pollution a-t-elle commencé ? Quelles sont les conséquences pour la santé ? Les dispositifs de filtrage, comme ceux qui viennent d’être installés dans le Haut-Rhin, sont-ils une solution contre ces polluants dits » éternels » ? Face aux inquiétudes de la population, les maires de ces petits villages ont dû faire face. Deux d’entre eux sont les invités de Dimanche en politique…
France 3 Grand Est, Dimanche en politique, 05/10/2025 (26min)
Apparemment les mêmes règles ne s’appliquent pas dans la Meuse et le Haut-Rhin !
Les pollueurs ne sont sans doute pas comparables. L’Euroairport est un établissement public commercial et industriel franco-suisse. Et les habitants, n’ont-ils pas les mêmes droits ?
Le préfet de la Meuse saisit la justice après la pollution des eaux liée aux PFAS
Dans le cadre d’une réunion publique qui s’est tenue ce jeudi soir à Louppy-sur-Loison, un des quatre villages privés d’eau potable pour cause de pollution au PFAS, le préfet de la Meuse a procédé à un point de situation globale, annonçant également avoir saisi la justice cette semaine.
L’EST Républicain, Jean-Baptiste Martin, 17.10.25
BFMTV à fait un reportage diffusé le 26 septembre « Bonsoir l’Alsace », à écouter entre 4 et 13 minutes.