Quel air respirent les riverains de l’Aéroport ?

Influence de l’aéroport de Basel-Mulhouse sur la qualité de l’air

Le 11 septembre 2018 à eu lieu à Hégenheim une conférence de presse trinationale sur l’évaluation de la pollution de l’Aéroport de Bâle-Mulhouse.

Les associations veulent informer la population sur les déficits constatés au niveau des mesures et des rapports relatifs aux données environnementales de l’aéroport de Bâle-Mulhouse. Par ce moyen nous souhaitons solliciter l’aéroport à prendre la mesure de l’impact environnemental et qu’il s’engage enfin dans une démarche volontariste.
En tant qu’établissement de service public qui fait des bénéfices, l’aéroport devrait être pionnier et non pas lanterne rouge en matière d’analyse et de publication. Il devrait surtout éviter de minimiser la pollution de l’air et manquer de transparence.
La conférence de presse repose sur les investigations des associations ADRA et BISF. Elle est portée par les 5 associations signataires de la Charte trinationale contre les nuisances de l’Euroairport le 18 janvier 2018.

Les rapports officiels de l’Euroairport minimisent la pollution atmosphérique réelle engendrée par la plateforme aéroportuaire.

Alors que le nombre de passagers et de mouvements est en croissance continuelle depuis 2002, les rapports de l’aéroport sur la pollution atmosphérique font état d’une diminution des polluants mesurés et calculés. Cette contradiction surprenante fut à l’origine de nos analyses.

Les associations de riverains ADRA (France) et BISF (Allemagne), ont analysé les rapports d’Atmo Grand Est relatifs à Bâle-Mulhouse sur les mesures (immissions) et le calcul des émissions des polluants, en particulier du dioxyde de carbone CO2 et des monoxydes d’azote NOx. Les résultats ont été soumis en mai/juin à Atmo Grand Est et à l’aéroport. Ce n’est que le 20 septembre que l’aéroport a partiellement répondu et fait des promesses de procéder à quelques aménagements dans le futur.
Cette attitude timorée pousse les associations à rendre publiques nos conclusions et demandes pour obtenir des améliorations significatives pour la santé de la pupulation.

AtMO Grand Est
L’aéroport binational sur territoire francais est régi par la réglementation française sur l’environnement. AtMO Grand Est est périodiquement chargé de surveillé un dépassement éventuel des valeurs moyennes annuelles.

Alimentation électrique aux gates
Nous constatons que l’aéroport ne propose pas d’alimentation électrique « convertisseurs 400Hz » aux gates pour les avions en attente. Les avions pourraient éteindre leurs turbines auxiliaires (Auxiliary Power Unit, APU) très polluantes et bruyantes, ainsi que cela se pratique couramment sur d’autres aéroports suisses et la majorité des aéroports de la CE. Bâle-Mulhouse se retrouve parmi les 3 aéroports francais sur 10, les plus rétrogrades. Il est inadmissible que l’aéroport reporte ces installations en 2025, date qui correspond à la limite légale de mise en place selon le Plan d’Action du 22.05.2017 transmis à l’ACNUSA.

Consommation de kérosène au décollage et à l’atterrissage.
La consommation théorique des avions est calculée pour le cycle LTO (Landing and Take-Off). L’aéroport diminue depuis 2015 de façon importante la durée du cycle contrairement aux standards internationaux de l’ICAO. Ce qui est d’autant plus étonnant que la DGAC (Direction Générale de l’Aviation Civile) calcule des émissions nettement plus élevées pour Bâle-Mulhouse.

Pollution aux monoxydes d’azote.
Comme pour le CO2, les NOx sont étrangement bas. Ainsi l’aéroport affirme que les NOx ont diminués de 34% entre 2009 et 2015, alors que les mouvements ont augmentés de 29% sur la même période.

Les taxes d’atterrissages indexés sur la pollution.
L’aéroport prélève des taxes en fonction du classement des avions en terme d’émission de polluant, mais le montant est très faible comparé aux autre aéroports européens. De plus l’aéroport ne s’aligne pas sur les recommandations de l’IATA sur la proportionnalité entre taxes et polluants.

Vents dominants et localisation des stations de mesure
L’analyse des mesures se base sur la rose des vents de la station fixe CC3F à Village-Neuf, alors que les données disponibles de Météo France de la station de l’aéroport diffèrent grandement. L’interprétation de la pollution en est biaisée, notamment pour Blotzheim fortement impacté par la pollution par vent d’est/sud-est. Nos propres analyses se basent sur des données officielles et publiques. Nous tenons aussi compte de la pollution urbaine et routière.

Conclusion
Selon le rapport de la DREAL Alsace sur la pollution de l’industrie de 2009-2014 et nos propres analyses, l’Euroairport se classe parmi les cinq plus gros pollueurs industriels d’Alsace.
Alors que les autorités Franco-Suisses veulent augmenter la capacité de l’aéroport de 50% d’ici 2030, l’aéroport est très en retard en matière environnementale.
Il est urgent de prendre des mesures pour une meilleure documentation et la réduction de la pollution à Bâle-Mulhouse. Les riverains ont le droit de savoir quel air ils respirent.

Lire la présentation « Quel air respirons-nous ? »

Dans L’Alsace du 12.09.18: « La pollution silencieuse »

Les analyses de l’ADRA et du BISF sur les mesures et émissions de polluants (en anglais):
1. Freiermuth, B. and Fingerle, J. – Basel-Mulhouse Airport and Air Quality – Part I: Emissions
An analysis of the available data on recent pollution at the Basel-Mulhouse airport
2. Freiermuth, B. and Fingerle, J. – Basel-Mulhouse Airport and Air Quality – Part II: Immission
An analysis of the available data on recent pollution at the Basle-Mulhouse airport

Votre droit à respirer de l’air pur.