OPINIONS pour changer

De plus en plus de voix s’élèvent pour demander une réduction du trafic aérien. Pas seulement les activistes écologiques, taxés de terroristes verts, mais au sein de la société civile, des dirigeant d’entreprises, scientifiques, élus, …

Quelques exemples

Le GIEC: « Réduction immédiate et radicale des émissions dans tous les secteurs ». Rapport du GIEC, avril 2022

L’ADEME : pour lutter efficacement contre le changement climatique, l’Ademe préconise de réduire le trafic aérien !

Ville & Aéroport, Jean-Pierre Blazy, Président et maire de Gonesse, adresse une lettre ouvert à Madame Elisabeth Borne, Première ministre : Newsletter n°87.

L’aéroport de Schiphol, Amsterdam…
Victoire juridique des riverains

Ils ont dit :

« L’effondrement climatique a commencé. »

Ce sont les mots d’Antonio Guterres, Secrétaire Général de l’ONU, en réaction à l’étude de l’observatoire européen Copernicus selon laquelle l’été 2023 a été le plus chaud jamais mesuré dans le monde.
Nous sommes entrés dans un nouveau régime climatique.
L’inaction est irresponsable. Dans le monde, en Europe, en France.
Il y a zéro temps à perdre.

Antonio Guterres, France Info, 27.07.23

 

« L’humanité a le choix : coopérer ou périr. Il s’agit soit d’un pacte de solidarité climatique, soit d’un pacte de suicide collectif »

a déclaré Antonio Guterres, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, à l’ouverture de la COP27. Un appel à un pacte collectif entre pays riches et ceux en développement pour éviter une catastrophe climatique, le 7 novembre 2022.

 

« Vivre simplement pour que simplement d’autres puissent vivre. »

Mahatma Gandhi

 

« L’avion doit rester un moyen de transport exceptionnel »

Yann Arthus-Bretrand, Film “Legacy, notre heritage”

 

« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs…

La Terre et l’humanité sont en péril, et nous sommes responsables. »
Jacques Chirac au sommet de Johannesburg en 2002, il y a 20 ans ! Et de surcroit, nous n’avons retenu que la 1ère phrase…

Photo : Marmaris Turquie, aout 2021 (crédit : Christopher Cartwright)

La longue lutte contre le changement climatique

Raphael Glucksmann, député européen, essayiste, humaniste, on Linkedin le 22.07.22

« Dans « la lutte contre le réchauffement climatique », ce n’est pas la partie « réchauffement climatique » qui leur pose problème, c’est la partie « lutte ».

Et ce problème ne date pas de l’été 2022. Je suis assez vieux pour me souvenir du discours de Jacques Chirac au sommet de Johannesburg en 2002 : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. La Terre et l’humanité sont en péril, et nous sommes responsables. »

20 ans déjà ! C’était beau et, pour un chef d’État, c’était précurseur. Ensuite ? Ensuite rien. Les mêmes accords de libre-échange, les mêmes investissements dans les énergies polluantes, la même défense acharnée d’un modèle agricole productiviste… La routine.

Comment peut-on proclamer « l’humanité est en péril » et continuer comme avant, comme si de rien n’était? Soit nos dirigeants ne croient pas une seconde à ce qu’ils disent, soit ils sont incapables d’agir en conséquence. Or je ne pense pas que Chirac en 2002 ou Macron aujourd’hui mentent sciemment.

Ils savent que la situation est grave et ils veulent lui faire face. Autant que possible. Et tout l’enjeu est là : dans la définition de cet autant que possible. Passé à la moulinette de leurs croyances, de leur faiblesse, des lobbies et des règles du commerce international, il se traduit par à la marge. Nos dirigeants sont prêts à tout changer, à la marge !

Depuis 20 ans, chaque loi écolo, jusqu’à la loi Climat votée le 4 mai 2021, contient autant d’avancées que possible, dans un cadre général auquel il n’est pas question de toucher. La politique étant désormais la capacité d’un peuple à agir à la marge sur le cours des événements, elle est démunie lorsque surgissent les grandes crises, les grands périls qui exigent de grands changements. Tout est devenu trop petit, trop limité dans nos sphères dirigeantes pour relever les défis titanesques de notre temps.

Habitués à être contraints par les conventions internationales, les règles de l’OMC, les traités européens, les cours d’arbitrage, les « lois » supposées de la globalisation, habités, surtout, par une vision étriquée de leur propre rôle, nos gouvernants consentent à la catastrophe par impuissance volontaire.

Les dinosaures ont disparu à cause d’une météorite : une collision cataclysmique a provoqué une série d’éruptions volcaniques, un voile s’est étendu sur la Terre, la lumière a disparu, les végétaux avec elle et les grands reptiles se sont éteints. Quand bien même les représentants des diplodocus auraient décidé de tout changer, ils n’auraient rien pu faire. Vraiment rien.

Ce n’est pas notre cas. Nos représentants peuvent faire, mais ils ne font pas. Ce qui leur manque, c’est la volonté, pas les moyens. Ce paradoxe me fascine : les hommes et les femmes qui sont prêts à tout pour accéder au pouvoir reculent d’effroi quand il s’agit de l’exercer. Ils préfèrent l’esthétique du pouvoir au pouvoir lui-même.

D’où vient ce manque d’ambition des ambitieux ? Pourquoi pareil consentement à l’impuissance des puissants ? » Raphael Glucksmann

Qui est prêt à changer ? Demain il sera trop tard !

 

 

« On est en train de tout détruire ! », Dominique Bourg

Interview publié dans L’Alsace, Isabelle LAINÉ, le 18.11.2021 Philosophe et professeur honoraire à l’université de Lausanne, Dominique Bourg est spécialisé dans les questions environnementales.

L’invitation à un forum dont le thème est la violence vous a-t-elle étonnée ? Non, ça ne m’étonne pas. On a affaire à un monde éminemment plus violent que ce qui existait il y a vingt ou trente ans. Les problèmes écologiques n’en sont qu’un aspect. Il y a le terrorisme, il y a une violence économique énorme, il y a une violence politique terrible, la percée de Zemmour est complètement dingue ! On est vraiment dans un monde violent…

Violent et con, qui devient vraiment bête et totalement irrationnel. Les effets de nos actions d’aujourd’hui, notamment quant aux émissions de CO2, ne se verront que dans des années. Peut-on parler de maltraitance envers les générations futures et envers le vivant ? Oui et de façon évidente. On est en train de tout détruire. On a aussi raison de parler d’inertie. Les effets extrêmes d’aujourd’hui, c’est le résultat de nos émissions de carbone cumulées jusqu’à il y a vingt ans. Là, on a déjà décidé du climat tel qu’il sera en 2040. Quand vous émettez une molécule de gaz à effet de serre, elle n’exprime immédiatement qu’un tiers de son pouvoir de réchauffement. Les deux autres tiers, elle va l’exprimer au fur et à mesure des décennies.

Entre les conclusions de la Cop 26 et la possibilité de voir le glyphosate à nouveau autorisé, est-ce que ces décisions ou manque de décisions du monde politique peuvent être considérées comme des agressions ? Pour le glyphosate c’est absolument évident. L’agence européenne n’a retenu que les évaluations des fabricants de pesticide, c’est grotesque… Les protocoles des entreprises, ça ne vaut rien ! Et la Cop 26, c’est un gag. Même Boris Johnson le reconnaît. Ils se foutent de la gueule du monde ! On est dirigé par des élites cyniques à la botte de certains lobbies économiques.

Vous allez intervenir avec François Gemenne, spécialiste des migrations. Est-ce que vous pensez que les débats actuels sur l’immigration vont vite être dépassés ? Je ne vous dis pas qu’il y a aucun problème avec l’immigration. Mais quand vous avez une campagne électorale où les sujets environnementaux n’ont aucune place, alors que précisément les non-décisions prises à Glasgow nous amènent – probablement dès la décennie qui vient et la décennie suivante et plus encore dans la deuxième moitié du siècle – à des flux migratoires continus et sans proportion avec ce qu’on a connu dans toute l’histoire, il est sûr que continuer comme le font ces imbéciles, c’est le meilleur moyen d’avoir de gros problèmes !

Des régions entières vont devenir inhabitables. Votre analyse est généralement inquiétante, est-il encore temps de réagir ? Inquiétante, non. Je m’aperçois qu’on file un coton extrêmement mauvais. On aurait dit ça à quelqu’un du XIXe siècle ou même moins loin, il n’aurait pas pu comprendre. Qu’on ait un tel déni des véritables difficultés et, quand on épingle une difficulté, qu’on ait des réponses aussi inadéquates, ça aurait affolé ces gens ! Et moi, ça m’affole. Le changement climatique, ce n’est pas une crise, il y a un basculement qui est irréversible. Il sera plus difficile de vivre sur terre dans les années qui viennent. En revanche, le niveau de difficulté auquel on sera confronté, on est encore en mesure de le réduire. Mais ça supposerait qu’on prenne de vraies mesures. Ce qui n’est pas le cas.

Ces mesures, est-ce qu’elles peuvent être individuelles ou seul un mouvement collectif sera efficace ? Non. Même un pays tout seul dans son coin peut difficilement faire changer les choses. La difficulté aujourd’hui dépend aussi des réseaux d’information avec des chaînes éclatées, privées, et vous avez des réseaux sociaux qui disent n’importe quoi. Alors faire accepter des propositions raisonnables avec un tel paysage de l’information, ce n’est pas simple. Les forums comme celui de Mulhouse permettent aux gens qui veulent trouver des informations d’aller à la source en écoutant des spécialistes qui connaissent leur sujet et ne disent pas n’importe quoi.